1.4  Méthodologie de l’enquête

La conception de l’enquête repose donc sur les grands principes cindyniques, et se caractérise par une approche délibérément pragmatique mais non scientifique. Elle s’affiche également comme une prise de risque sur un sujet qui traite précisément des risques et dangers. Comment aurait-il pu en être autrement ?

C’est aussi, et surtout, une volonté de vérifier si cette approche peut devenir un axe de réflexion plausible dans le cadre des « situations d’incasabilité » jusqu’alors persistantes et qui nous poussent à explorer de nouveaux horizons. Pour ce faire, et puisque la production de connaissances cherche à comprendre comment les institutions, les acteurs, le public perçoivent ces risques, les traitent ex ante et ex post, et utilisent ce retour d’expérience, j’ai orienté mon étude dans cette voie. N’est-ce pas l’un des domaines privilégiés de l’ingénieur social que de produire, à partir de l’expérience des acteurs, des connaissances pour en déduire des préconisations d’actions ?

En premier lieu, l’enquête[1] consiste à recueillir les facteurs de risques perçus par les professionnels occasionnant des ruptures d’accompagnement au sein de la PDE. Cette approche d’analyse quantitative[2] s’emploie à repérer en termes de probabilité et de gravité :

  • La nature du danger (crises, passages à l’acte, conduites à risques…)
  • La cible (professionnels, entourage familial, pairs…)
  • Les réponses mises en œuvre dans les services
  • Les besoins identifiés
  • La perception de l’adolescent en « situation complexe »

C’est à mon sens, poser les premiers jalons d’une approche épistémologique du danger, en considérant qu’il n’est ni absolu, ni complet.

Dans un second temps, l’enquête porte sur le témoignage de jeunes adultes dont le parcours au sein de la PDE ou de la PJJ, les a conduits à effectuer un séjour de rupture.  Ces entretiens visent à prendre considération leur regard et leur expérience sur :

  • Leur parcours et perception du risque
  • Les motifs qui ont amené un séjour de rupture
  • La perception des différentes ruptures
  • Les besoins identifiés
  • Les situations de crise

C’est à mon sens, poser les premières bases d’éventuels déficits ou dissonances constitutifs des ruptures, cette fois-ci, du point de vue du sujet. C’est l’occasion de mieux cerner les motifs, les perceptions sur les conduites à risque et sur la gestion des crises.

Pour bien saisir l’enjeu de l’enquête, les cindyniques rappellent que « toute interaction ou intervention sur un système comporte deux composantes d’effets opposés : une composante réductrice de risque : cindynolytique et une composante de créatrice de danger : cindynogène ». Le questionnaire va donc interroger ces deux dimensions à travers  la culture du réseau dans sa représentation des situations « d’incasabilité ».


[1] Annexe I : questionnaire de l’enquête aux professionnels, p. 127

[2] Annexe II : traitement du questionnaire des répondants p.133