2.3  Cible principale du danger : le professionnel

La violence sous ses différentes formes concerne en tout premier ressort les professionnels. Ils sont majoritairement la cible des violences verbales (52.5%). Les actes délictueux hors violence, le sont, eux, principalement envers des tiers, ce qui peut expliquer que ces délits ne sont que rarement un motif de rupture. En revanche, professionnels comme pairs sont des cibles à parts égales lorsqu’il s’agit de violences physiques (39%). Or, nous l’avons vu, le motif principal de rupture pour violence physique envers ses pairs n’est pointé que très rarement (3.4%). Nous pouvons donc observer que, dès lors, que ces violences touchent les professionnels, elles peuvent entrainer, beaucoup plus facilement, une rupture de l’accompagnement (33.9%). Ainsi, pour une même nature de danger, c’est la cible visée qui détermine la réponse « institutionnelle ».

Nous observons le même phénomène lorsqu’il s’agit de violences verbales à l’encontre des professionnels, indifféremment de leurs formes, menaces comme insultes.

Ici, « l’incasable » n’est pas celui qui refuse tout accompagnement mais celui qui porte atteinte à « l’accompagnateur ». Alors que le professionnel doit protéger l’adolescent des risques de danger, il peut se retrouver, lui-même, dans une situation de danger pouvant jusqu’à porter atteinte à son intégrité physique. La finalité même de protection du mineur se voit donc entravée. Pour les cindyniciens, la dimension objectifs/finalité est la clé de voûte de l’espace cindynique car « elle énonce la raison d’être de l’organisation et de ses réseaux. D’où le terme d’espace téléologique[1] ».  Dans ce cas de figure et en termes d’approche cindynique, l’axiome téléologique pointe les contradictions qui émergent quant à la finalité entre les différents acteurs au sein du réseau.

Au niveau de l’établissement, l’équipe encadrante doit assurer l’intégrité du personnel et éviter les ruptures ; le professionnel protéger le mineur et se protéger aussi du mineur ; au sein de l’ASE, le service gardien doit quant à lui trouver une place au mineur, alors que les institutions sont dans un principe d’exclusion. Chaque acteur du réseau met donc en place des moyens et des stratégies différentes pour atteindre ses objectifs. Bien que la finalité commune soit de protéger le mineur, la divergence des objectifs peut faire obstacle aux actions à mener.

TELEOLOGIQUE = Finalités


[1]  Kerven G.Y, Boulenger P. Cindyniques, concepts et mode d’emploi. Economica, 2007, p. 34