Plus de la moitié des professionnels (52.5%), estime que la fin de la prise en charge est imputable à une répétition des actes qui engendre la gravité. Le phénomène de répétition semble dégager un consensus auprès de l’ensemble des professionnels, aggravant la situation à risque. Pourtant, deux fonctions se distinguent, celle des directions, et celle des chefs de service du secteur associatif. Pour 67% des premiers, la gravité suffit à causer une fin de prise en charge, pour les seconds, 43% estiment que la répétition en est la cause.
Quelques professionnels y voient « un manque d’écoute qui engendre la gravité du passage à l’acte » ou encore « la gravité et le degré d’intentionnalité de l’acte ».
La situation à risque ici « semble échapper à tous les contrôles et à toutes les tentatives de redressement créatif, elle impose l’idée obsédante d’un destin fatal contre lequel personne ne peut rien si ce n’est d’attendre (…) la catastrophe annoncée [1]». Nous pouvons en déduire que l’interprétation de cette répétition des actes peut conduire à laisser une grande porte ouverte à l’analyse de la causalité propre à chaque discipline, au détriment de la compréhension des évènements qui conduisent à cette répétition.
Question à choix unique : selon votre expérience, la fin d’une prise en charge au sein d’un service de la protection est plutôt causée par ?
Sur le plan cindynique, c’est l’interprétation des faits sur la dimension épistémologique, au sens de modélisation. C’est une tentative de compréhension, d’explication, de certaines situations dans l’enchainement des faits à partir d’une banque de connaissances.
2.7 La prévisibilité de l’incident
Pour une très large majorité des professionnels (94.9%), la prévisibilité de l’incident est indéniable. Nous parlerons de prévisibilité, plutôt que de probabilité car cette dernière ne peut être examinée ici, en raison de l’absence d’une constitution statistique réelle. Néanmoins, cette prévisibilité instinctive notée par les acteurs mérite d’être abordée sous l’angle statistique plus formel.
Question : Après le passage à l’acte de l’adolescent provoquant une fin de prise en charge, vous diriez que l’incident était plutôt :
Nous pouvons toutefois nous interroger sur les éléments qui scellent cette passivité face à cette expectative d’une catastrophe annoncée. Les observateurs sont-ils gagnés par l’habitude, l’aveuglement, le déni ou l’espoir, la répétition ou simplement le caractère impromptu de la situation ? S’il peut sembler tout à fait raisonnable d’être démuni face à un acte de nature imprévisible, a contrario, la prévisibilité peut supposer une adéquation des réponses en amont. Sur le plan cindynique, cela soulève la question de la mémoire des faits, sorte de stockage des événements représentant un danger pour la structure. La constitution d’une base de données des incidents sous forme d’outils de reporting permet par la suite de les mettre en étude. Cette démarche statistique reste encore trop peu utilisée au sein de la PDE.
STATISTIQUE = Evénements (incidents, accidents…)
[1] Guitton Catherine. Risques majeurs et fonctions d’autorité. Médecine et hygiène, thérapie familiale, 2002, p. 148