3.8  Séjour de ruptures : les apports

Isabelle « pense vraiment par rapport au respect que les gens ont là-bas. C’est quelque chose que j’ai toujours, si on ramenait le quart du respect que les gens ont entre eux, en France, ça changerait vraiment la face de la France. […] Au niveau de l’Afrique, on m’a dit que j’étais devenue une vraie africaine.  […] ne serait-ce d’abord que visuellement parlant. Que ce soit hommes ou femmes, là-bas, ils sont habillés en couleur. ».

Pour Béatrice, « il n’y avait rien d’exceptionnel. Je veux dire moi, le séjour en lui-même, il était génial parce que j’étais à l’étranger et que du coup ça a pu faire un petit break dans ma tête même si je n’oublierais jamais ce qui m’est arrivé. Mais d’être confrontée à la population c’était génial […] quand j’y repense avec le recul, j’ai l’impression que cela ne m’a absolument rien apporté sur le moment, ce n’est pas ça que j’aurai voulu sur le moment… ».

Pascal précise que « déjà c’était une bonne expérience. Les gens là-bas n’ont rien à voir avec ceux qui sont installés en France. Ils ont le cœur sur la main, ils sont vachement accueillants, on est reçu comme des princes et puis eux privilégient le dialogue à la violence […] Il n’y pas du tout de violence là-bas. Ils essayent de comprendre les situations, d’expliquer aux gens par des métaphores, car ils ont beaucoup de phrases qui percutent le cerveau […] Je me sentais vraiment bien, apaisé, plus de soucis, je pensais même plus. J’étais vraiment heureux et cette impression-là, je ne l’ai jamais retrouvée depuis maintenant. »

Bernard indique : « de ne plus voir ma famille pendant les deux premiers mois c’était dur. Je me suis cassé la main pour rentrer. J’ai appris à accepter, mais quand on rencontre les gens là-bas qui sont vachement famille, personne ne laisse quelqu’un dans la merde. Tout le monde s’aide. C’est ça qui m’a fait du bien. Quand on ne va pas bien, il y a toujours quelqu’un à qui parler, toujours quelqu’un qui t’écoute. C’était super ça […] le grand frère qui m’a accueilli, il essayait d’analyser le problème en mettant un peu des affiches sur ce qui me faisait mal. Les affiches ça m’a permis de comprendre étape par étape, où c’est que j’en étais dans ma vie. Par exemple une affiche où c’était marqué, LA FAMILLE, avec un point d’interrogation. Et en gros il me demandait d’expliquer ce qui est bien pour moi et ce qui n’était pas bien, et au final d’essayer de comprendre l’un et l’autre. Pas mal d’affiches comme cela, par exemple, AMOUR, pourquoi j’en suis arrivé là ».

Françoise relate qu’« à Madagascar, j’étais seule avec un éducateur et c’était ça aussi, le fait d’avoir un éducateur avec moi et qui a fait que je me sente écoutée […] Mais ce qui a été génial en fait, c’est la vie là-bas, en fait je me sentais très, très bien […] je me sentais soutenue et écoutée. Enfin voilà, tout ce qui va avec, la simplicité, l’hospitalité des gens, la gentillesse, tout çà  […] parce que déjà le contexte du séjour de rupture qui fait qu’on se sent quand même plus investie…».

  • Cela confirme que les déficits cités sur les structures classiques semblent trouver une réponse lors des séjours de rupture. La dimension des valeurs (Axiologie) repose sur une culture de respect, de dialogue, d’écoute, d’accueil, d’hospitalité, de générosité, d’entraide, de solidarité, etc. C’est aussi la manière dont sont posées les règles (déontologie), prendre le temps de comprendre, de réfléchir, de cheminer, à travers des supports inhabituels (affiches, métaphores).

Nous voyons qu’un modèle (Epistémique) reposant sur le principe de la rupture apporte des réponses bénéfiques aux risques de danger. Il offre aussi un regard, sur un besoin parfois peu évalué, celui de répit.