Les bases de la transférabilité 1

La transférabilité mot dérivé de « transférable » ne trouve pas de définition référencée dans les dictionnaires courants. Il peut s’agir d’un terme professionnel (domaine financier ou pédagogique par exemple). Larousse définit le transfert comme une « action de transférer, de déplacer quelque chose ou quelqu’un ». Dans notre secteur, l’usage d’une telle approche pourrait heurter, alors qu’elle révèle des ressources insoupçonnées.

Définition de la transférabilité Nous retrouvons d’ailleurs ce terme dans le secteur de la santé ou une équipe de chercheurs universitaires et professionnels ont constitué un outil pour accompagner la transférabilité des interventions en promotion de la santé. Sous l’acronyme ASTAIRE (Outils d’analyse de la transférabilité et d’Accompagnement à l’Adaptation des Interventions en promotion de la santé), la méthode vise à soutenir le choix d’une intervention la plus adaptée dans des contextes et d’en accompagner le transfert. Comme préalable, les acteurs de cette recherche définissent la transférabilité comme :

  • « La mesure dans laquelle les effets d’une intervention dans un contexte donné peut être atteints dans un autre contexte » ( Wang 2006 ; Buffet 2007 ; Cambon 2012)

Ce choix d’entrée vient nuancer une autre entrée possible par la définition du terme applicabilité :

  • « La mesure dans laquelle les processus d’une intervention dans un contexte donné peuvent être mis en œuvre dans un autre contexte » (Wang 2006 ; Cambon 2012)

A la lecture des deux définitions, la question de la transférabilité ou de l’applicabilité dans une étude peut interroger sur le choix déterminant de mesurer/repérer les effets d’une intervention c’est-à-dire le :

  • « Résultat, conséquence de l’action d’un agent, d’un phénomène quelconque»

Ou les processus :

  • « Enchainement ordonné des faits ou phénomènes, répondant à un certain schéma et aboutissant à quelque chose»

Autrement dit, la transférabilité d’une intervention sous-entendu efficace dans un contexte donné peut être applicable dans un autre ; mais n’est pas transférable pour autant. L’applicabilité se réfère à la mise en œuvre alors que la transférabilité s’attache aux résultats. Est-il possible de scinder les deux termes sur une commande client à la seule applicabilité du modèle existant sans considérer que ces processus ont aussi pour finalité de produire des effets pour ne citer comme exemple que l’inclusion scolaire ou sociale ? Il est question ici de la complexité de l’intervention au sens  qu’elle est « effectivement le tissu d’événements, actions, interactions, rétroactions, déterminations, aléas qui constituent notre monde phénoménal » (Edgar Morin. Introduction à la pensée complexe. 1990) Par conséquent, le risque de dénaturer l’essence même d’un dispositif en simplifiant l’entrée par l’une ou l’autre des notions d’applicabilité ou de transférabilité, aurait des conséquences sur la méthode d’évaluation de l’intervention du dispositif. Pour conclure, les deux entrées possèdent des caractéristiques complémentaires et non antinomiques, qui pourraient se résumer à la question de l’adaptation d’un dispositif sur un autre territoire en fonction des facteurs qui le caractérisent.

Lire les contours de la transférabilité

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