2.12   Situation d’incasabilité : retour à « la case » départ

Il est possible d’entrevoir une dichotomie entre les facteurs qui relèvent de l’adolescent et de ceux spécifiques aux institutions. Nous retrouvons ce raisonnement dans les justifications énoncées ci-après. Pour les professionnels, l’adolescent en « situation d’incasabilité » est :

  • Celui confié sur un service par défaut
  • Celui pour qui le projet de service n’est pas adapté
  • Celui pour qui la protection physique, psychique et morale ne peut être assurée

En premier ressort, nous observons que le réseau d’acteurs professionnels est principalement concerné dans sa capacité à répondre, à s’adapter ou à protéger l’adolescent, c’est-à-dire à lui trouver une place. Les comportements à risque se voient relégués au second plan.

Question : L’adolescent en « situation d’incasabilité »:

En outre, de façon plus précise, et dans une vision plus systémique, au sens où ce découpage  n’a que guère d’intérêt, la notion « d’incasabilité » constitue bien un ensemble, un réseau d’acteurs, jeunes compris. C’est-à-dire qu’elle regroupe à fois, le jeune, l’institution, la société, l’ensemble du réseau d’acteurs, non sans une certaine ambivalence. Sur le plan cindynique, c’est l’axiome de l’ambiguïté qui met en exergue les perceptions et appréciations du danger, elles aussi soumises à des ambiguïtés d’ordre : téléologique ; épistémique ; statistiques ; déontologique ; axiologique. La cindynique s’efforce alors de repérer les disjonctions entre les cinq dimensions de l’hyperespace.

AXIOME = Ambiguïté

En conclusion, les grands principes de l’hyperespace des cindyniques peuvent prendre tout leur sens dans la compréhension des phénomènes à l’œuvre dans les ruptures de parcours des « situations complexes ». L’approche peut sembler relativement distante de la problématique traitée. Nous l’avons déjà souligné, les cindyniques sont issues de secteurs particulièrement éloignés de celui qui nous occupe. Mais le pluriel accordé au terme « cindyniques » laisse entrevoir un champ des possibles.

Pour cette raison, la seconde partie de l’enquête s’attache à relier les théories cindyniques dans les mises en situations décrites lors des entretiens. Anne Fournier et Catherine Guitton, notamment, se sont prêtées à l’exercice dans le cadre des thérapies familiales systémiques. Pour elles, « la famille et son dysfonctionnement sont des analogies intéressantes des dysfonctionnements institutionnels étudiés dans les sciences des cindyniques [1]».


[1] Fournier Anne, Guitton Catherine, Monroy Michel et al. Le risque majeur, introduction à la psychosociologie cindynique. ESKA, 1997, p. 29