3.     ANALYSE DES ENTRETIENS AVEC DES JEUNES ADULTES

3.1  Présentation de la méthode

Nous avons vu que les séjours de rupture ou de mise au vert sont sollicités par une grande majorité des services dans la prévention et gestion des risques propres aux jeunes « en situation d’incasabilité ». Il semble alors essentiel de recueillir la parole des personnes qui ont vécu ces séjours de rupture. Dans quelle mesure la solution d’éloignement a-t-elle pu contribuer ou non à la réduction des risques de danger ? A cet effet, cinq entretiens téléphoniques ont été menés auprès de jeunes adultes ayant participés à un ou plusieurs séjours de rupture. Ces « rencontres » ont pu se faire via une association particulièrement active dans ce type d’accompagnement. L’examen consiste à rechercher ce que les entretiens nous apprennent pour « reconstituer ce monde collectif dont chacun des acteurs n’a qu’un petit bout, bien qu’il participe à la construction collective[1]» dans l’esprit de ne pas altérer ou déformer la parole des personnes. A la limite de l’approche des récits de vie, les entretiens n’ont pas pour autant vocation à être libres, mais plutôt semi-directifs[2]. En toile de fond, un souci d’étayer cette étude par un retour d’expérience. L’entretien est piloté successivement par les thématiques suivantes :

  • Les types de parcours, la première rupture
  • Les motifs du séjour de rupture
  • Le rapport au danger
  • Les éventuelles circonstances qui ont menées au séjour de rupture
  • Le vécu de cette rupture
  • Les besoins repérés
  • Les apports des séjours

Ces témoignages regroupent au total 45 pages retranscrites pour l’ensemble des entretiens, de lecture et de relecture, d’annotations et de surlignages. Au vu de la masse de données, un seul de ces témoignages figure en annexe[3].

Les études post-accidentelles permettent aux cindyniques d’établir une liste de causes générales. Il faut entendre par là, l’analyse au sens « stratégies phénoménologiques » qui, pour Pierre Paillé et Alex Mucchielli « concernent les phénomènes qui se donnent dans la conscience des acteurs, tels qu’ils se donnent, comme ils se donnent [4] ».

Il n’est pas question de déterminer les raisons des placements, au regard de la polymorphie des situations, ni de s’aventurer à décrire des situations communes à risques ou de danger. Il s’agit au contraire, de conserver toute la spécificité des parcours pour y rechercher les disjonctions, déficits ou dissonances.


[1] Mucchielli Alex, Paillé Pierre. L’analyse qualitative en sciences humaines et sociales. Armand Colin, 4ème ed, 2016, p. 31

[2] Annexe III : Guide de l’entretien semi-directif, p.149

[3] Annexe IV : Retranscription entretien n°1, p. 151

[4] Mucchielli Alex , Maillé Pierre, op. cit, p. 32